La négociation, un vaste sujet pour un brocanteur 🙃. Préparez vous à une petite dissertation en 2 parties, 2 sous-parties.
C’est quelque chose de très commun et répandu dans le milieu donc bien sûr tout le monde a envie de négocier. C’est normal. Et puis il y a le petit frisson de la négociation qui rend l'achat encore plus agréable.
Pour autant, j’ai quelques remarques à ce sujet :
Quand tu vas faire des courses au supermarché, chez IKEA, la redoute ou H&M tu négocies ? Non.
Les biens ou produits que tu achètes ont une valeur. Certes cette valeur est souvent relativisée par des politiques promotionnelles offensives ou des Black Friday à gogo qui ne sont rendus possibles que par la puissance de multinationales qui exploitent régulièrement une main d’œuvre mal rémunérée (voire non rémunérée).
Le “problème” dans cette histoire, c’est qu’on a perdu la valeur des choses. Si vous demandiez demain à un menuisier français qui cotise pour sa retraite et paye ses impôts de faire une chaise, il vous indiquerait qu’il en a pour 3 jours de boulot et 59 euros de matériel soit un coût de revient de 309 euros pour cet objet.
Alors bien sûr en produisant en masse, avec des matières premières venues de l’autre bout de la planète et dans un pays avec un niveau de vie moyen nettement inférieur à celui de la France, cette chaise vendue dans la grande distribution va vous coûter 69 euros. La différence, outre les impacts écologiques, sociaux et économiques que vous générez en choisissant d’acheter cette chaise, c’est qu’elle ne tiendra pas dans le temps.
Quand vous achetez une commode art déco par exemple, le savoir faire de l’époque qui la fait tenir debout depuis un siècle n’a pas de raison de vous faire défaut maintenant. J’ai plus de doute sur votre Billy qui commence à se démantibuler.
Ça c’est mon premier point. Maintenant j’en viens au second.
Quand ton plombier, ton électricien ou ton menuisier te fait un devis, tu peux contester éventuellement le prix mais cela impliquera de rogner sur des options supplémentaires que tu choisiras de retirer pour baisser le coût de son intervention. Par ailleurs, pour avoir été pendant près de 10 ans “cadre sup”, je doute que j’aurais apprécié que l’on me demande une réduction de 30% de mon salaire “parce que j’aime beaucoup ta prez mais j’ai un budget inférieur”.
Quand je vends un meuble, peu de chances que je puisse “enlever” des poignées, des pieds ou un plateau. Je ne vais pas retirer de la valeur intrinsèque à l’objet même si il est négocié.
Et comme tout artisan / commerçant j’ai besoin de rémunérer le temps passé, la matière première de mon activité (j’achète les meubles que je vous vends et je dépense tous les mois des fortunes dans les magasins de bricolage) mais aussi les charges diverses (un atelier, de l'électricité, l'URSSAF...). Et accessoirement j’ai besoin de manger, si possible des pâtes à la truffe sinon des coquillettes.
Chaque meuble me prend du temps : le temps de le chiner, d’aller le chercher, de le nettoyer, de le retaper (sans doute l’étape la plus longue), de le transporter de nouveau, de prendre des photos, de le mesurer et de mettre en ligne des annonces claires et précises, de le stocker, de répondre à vos questions, d’animer mon compte Insta pour vous donner envie et échanger avec vous, de convenir d’un rendez vous ou d'organiser une livraison et de finalement rentrer chez moi , tout ça pour gérer ma petite compta et penser à de futurs projets.
Attention j’adore mon activité de brocanteuse et ces différentes étapes. Et surtout j'adore quand je vous rencontre, que je vois que vous aimez les choses que je propose, là c’est juste Wahou 🥰.
L'idée est juste de bien comprendre ce qu'il se cache derrière le prix d'un meuble. Meuble qui vous est vendu dans un bien meilleur état que lorsque vous allez le chiner à 7h du matin dans un hangar obscur en Essonne tenu par Tonton Gérard coincé entre 2 slips usagés et une collection de dents humaines. D’ailleurs je doute que vous arpentiez les vides greniers tôt le matin si vous me commandez des meubles à minuit sur Insta ;). C’est aussi cette facilité là que les brocanteurs 2.0 vous offrent : une sélection, de la réfection, du temps gagné.
D’autant que j’essaye du mieux que possible d’être en dessous des prix du neuf en vous offrant le cachet de l’ancien. Le bonus c’est que si un jour vous vous lassez vous pourrez revendre le meuble au même prix, pas comme une Billy de chez IKEA :).
Allez poutous les Sokhittos. Et encore merci de rendre cette aventure professionnelle possible.